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Viet Nam, l’histoire politique des deux guerres 1858-1954 et 1945-1975 – Note de lecture de l’AEJJR (Association des anciens élèves du Lycée Jean-Jacques Rousseau/Chasseloup Laubat de Saigon) – Georges Nguyen Cao Duc

Georges Nguyen Cao Duc

Viet Nam, l’histoire politique des deux guerres 1858-1954 et 1945-1975 – Note de lecture de l’AEJJR (Association des anciens élèves du Lycée Jean-Jacques Rousseau/Chasseloup Laubat de Saigon)

Nous croyons bien connaître les évènements du Viet Nam, de par les épreuves diverses que chacun de nous a connu dans sa jeunesse, et que nous vivions ou non au pays natal. Il s’agit d’une erreur commune aux habitants de pays ayant connu la guerre. Et nous mélangeons souvent aspects évènementiels et aspects politiques, même si les premiers sont bien souvent fonction des seconds. Un livre nouvellement paru nous permet de redresser cette vision.

Au fil des pages de l’ouvrage, on s’aperçoit graduellement du passage de la seule lutte pour le respect initial du Traité de Protectorat ouvertement violé par la France, à ensuite la lutte pour l’indépendance, au sein de laquelle vont se dresser un courant nationaliste contre un courant communiste. Centre quatre-vingt pages de l’ouvrage ont été consacrées à à la lutte pour le respect des accords initiaux, puis la lutte pour l’indépendance une fois la voie monarchique conciliante devenue sans issue.

Cette première partie n’est certainement pas la moins intéressante car elle éclaire l’impuissance de la voix – et la voie – monarchique (les dernières grandes révoltes sont matées dès le début des années 1900 et Duy Tân dernier monarque rebelle sera détrôné et exilé en 1916), et la violence croissante des revendications vietnamiennes face à la France. L’enseignement (pages 99 et ultérieures) est un exemple bien analysé dans le livre, car le Gouvernement Général de l’Indochine tenta dans les faits de contrôler l’accès à l’enseignement secondaire et supérieur qui aurait généré une classe de Vietnamiens bien instruits donc frustrés par la possession des responsabilités par des Français moins diplômés. Et frustration il y eut effectivement, avec pour conséquence un fourmillement de partis nationalistes dès les années 1930 (pages 153 et ultérieures).

Avec le chapitre VII (« Les Français sont de retour »), l’auteur aborde la lutte désormais ouverte entre les courants nationaliste et communiste. Au gré des pages défilent des cas de retournements de veste de part et d’autre, chacun des partis politiques s’affichant au gré du vent international ou local avec tel ou tel allié, fût-il ennemi mortel en puissance ou dans les faits. La section très riche dédiée aux Accords de Genève de 1954 est plus qu’utile : c’est la Chine qui a effectivement imposé ces accords au courant communiste vietnamien, leur permettant de contrôler le pays du 17è parallèle jusqu’à la Chine, et non pas à partir du 13è parallèle : les Chinois ne voulaient pas d’un Viet Nam fort, même communiste, et Chou En Lai avait même suggéré la présence d’une représentation diplomatique sud-vietnamienne à Pékin en 1954. Présage – on ne pouvait le deviner – de la guerre sino-vietnamienne des années 1980 et de l’emprise croissante et effective de la Chine sur le Viet Nam depuis une décennie. De même, l’auteur a rappelé que les Accords de Genève n’avaient pas d’effet légal contraignant, car nullement signés, et la Déclaration Finale de Genève ne fut signée par aucun pays participant.

L’auteur de ce livre nous a étonné initialement en présentant non point la guerre du 20ème siècle mais également une guerre d’un siècle, celle de 1858 à 1954, celle durant laquelle le Viet Nam fut contrôlé par la France. Et Nguyễn Ngọc Châu, un des anciens présidents de notre association, se veut narrateur du seul aspect politique des deux guerres, celle d’un siècle et celle de 30 ans au vingtième siècle. Il n’a pas tort car 1975 a représenté la phase ultime d’une lutte pour l’indépendance débutée dès l’intrusion française de 1858, gagnée en 1954, et dévoyée en 1975 par la victoire d’un des 2 courants indépendantistes sur l’autre. Dévoyée car c’est l’idéologie du vaincu qui a finalement prévalu, sous une couverture purement cosmétique.

Je m’en voudrais d’aller plus loin dans les détails de l’ouvrage car je tiens pour honnête de vous dire que l’ouvrage se doit d’être dans votre bibliothèque en dépit de quelques imperfections de style – l’auteur est un ingénieur et je suis un littéraire. Les dizaines de noms de personnages politiques (et de partis) connus sont bien là, l’arrière-plan diplomatique également. Et quelques aspects poignants de la fin du livre n’empêchent en aucune façon de discerner la tendance politique claire actuelle alors que les 2 guerres politiques évoquées par l’auteur sont du passé: le courant communiste vietnamien n’ayant effectivement pas pu imposer son idéologie erronée, bien au contraire et tout comme la Chine qui l’a aidé mais également freiné , voit cette dernière tenter de l’assujettir graduellement de nos jours. La guerre n’est que l’expression ultime de la politique, expression connue…

Georges Nguyễn Cao Đức
Aejjrsite.free.fr Magazine Good Morning 7 juillet 2019 © D.R. G. Nguyễn Cao Đức

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